Allez, au boulot !
Désolé pour le retard les gars, mais vous savez : fainéant un jour, fainéant toujours...
I) Les Galion VII du bureau
On était d'accord pour être sur le cul, aussi bien Walt que Falbala (qui a eu la bonne idée de passer nous voir) : superbe image, un beau grave, grosse dynamique. Seul le haut du spectre nous est apparu un peu agressif lors des deux premières écoutes. Ce qui fut d'ailleurs complètement corrigé lorsqu'elles ont été déplacées par la suite. Arzens ne les aime pas, mais nous comprendrons pourquoi lorsque nous découvrirons son écoute habituelle !
Il faut dire qu'il y a "du lourd" derrière : platine Jadis (somptueusement belle, quand je serai grand j'aurai la même !), préampli Mark Levinson LNP-2 (réputé pour être la plus grande réussite de la marque, utilisé sur l'installation perso de Mark Levinson) et un enorme ampli Krell KSA-80 en classe A (un monstre !). Donc il est assez logique que ça marche "pas trop mal".
L'écoute est typique des vieilles de l'époque Georges : très détaillée, vivante et nerveuse, avec un grave légèrement court (encore que...) et très bien tenu, médium un poil en avant qui favorise les harmoniques sur les voix, les cordes et certaines caisses de percussions, et qui donne surtout cette sensation de légère patine au son, comme un petit vernis chaleureux et un poil brillant qui appelle un feu de bois et un verre de Cognac. Inimitable.
Les Adriatis
Le gros morceau en ce qui me concerne, n'étant pas spécialement branché home cinéma, je me suis surtout intéressé à elles. J'ai d'ailleurs passé une excellente soirée en leur compagnie pendant que les deux sourds essayaient de fendre les murs porteurs de la baraque à coups de caissons de 55 depuis la pièce d'à côté.
Elles sont... belles ! Contre toute attente (je n'avais jamais accroché en photo). Bien sûr elles n'ont pas le raffinement d'une Kara : pas de lignes arrondies, pas de bois. Elles ressemblent bien à leur époque : une vue futuriste tirée des années 90 en somme.
La première écoute est assez décevante : grave brouillon et beaucoup trop court (on en a plus sur la GVII !), image présente mais banale, seule la douceur du médium aigu nous réconforte après l'écoute des anciennes, un poil fatigantes. La bi-amplification n'y fera rien, c'est même moins bien (de beaucoup, le grave est encore plus sale et mou, bref c'est à chier, à ce stade je serais reparti avec les Galion si j'en avais été acheteur).
Le lendemain Arzens nous rejoint et c'est en sa compagnie que j'ai réellement compris le potentiel des deux sarcophages blancs. Il faut dire qu'il les connait, ainsi que la source (toujours la Jadis) et les amplis (des AM 1000 Polaris), seul le préampli diffère par rapport à chez lui (un Krell KRC-HR ici).
On repasse en mono amplification (les AM-1000 pontées aux Polaris dégagent), c'est déjà plus cohérent. Il doit y avoir un problème de filtrage et de phase, je ne vois pas d'autre explication.
Ensuite on les bouge : d'abord vers le point d'écoute (elles avancent d'au moins 50 cm), le grave revient (presque trop mais il est beau, on s'en fout), l'image se resserre (les instruments sont mieux placés). Mais les voix nous gênent ; comme une rotation de phase, Zaz a une trop grande bouche, ce n'est pas cohérent. C'est d'autant plus étrange que tout le reste du message musical est retranscrit très fidèlement.
En les resserrant (3 mètres contre 3 mètres 80 à vue de nez) le problème disparait partiellement, mais c'est pas encore ça !
Du coup, on se penche sur le câblage (on dégage les tuyaux d'arrosage des Polaris pour remettre des câbles d'alim standard)... aucune différence !
Le dédoubleur au cul de la Jadis (qui permet d'envoyer le signal sur les deux préamplis)? Non, toujours rien. Puis Arzens a la révélation : il ne faut pas utiliser l'entrée XLR du Krell ! En effet, pour le moment, la Jadis est réliée à celui-ci par un câble RCA-XLR. Erreur : le circuit symétriseur fout le boxon et c'est lui qui introduit cette rotation de phase. Tout rentre dans l'ordre avec un câble RCA-RCA de base. Comme quoi...
A partir de là c'est du beurre : à part le léger gonflement du grave inévitable dans cette pièce (on a le même phénomène avec les GVII), il n'y aucune critique ni commentaire à faire.
Oui vous avez bien lu. Une fois que le cerveau a intégré la bosse dans le grave (on s'y habitue très vite) il n'y a plus d'enceintes, plus d'ampli, plus de chaine : ne reste que la musique. Et c'est vraiment le pied !
L'organisation ayant été menée d'une main de maitre, c'est une fois que ce système marche du tonnerre que mes deux compères ont choisi de passer la soirée dans la salle de cinéma, me laissant plusieurs heures en tête à tête avec les Adriatis, les 5000 disques de Narscht et une cafetière Nespresso. Autant vous dire que c'était un supplice !
Pas besoin de superlatifs, de grandes descriptions et d'allégories religieuses : tout est là. Point. C'est troublant mais je m'y suis vite habitué !
J'ai d'ailleurs retrouvé des sensations ressenties dans certains très gros studios traités et équipés de moniteurs quadri-amplifiés. On pourrait réellement mixer un disque sans faute de goût sur ce système. Et tout ça sans câbles exotiques, sans lampes rares et chères, sans coupelles de découplage en or massif ionisé : du concret, du fonctionnel, juste des éléments de qualité.
Par rapport à ce que j'avais écouté jusque là, je n'ai plus aucun repère (si ce n'est la neutralité du médium-aigu que je connais sur l'Iroise 500, le BC-12 étant le coeur du TC-21) : c'est moins coloré que la BII et la Kara, plus "spatial" que sur les mamies amplifiées. C'est un peu comme si on allait déjà très vite avec les enceintes sus-mentionnées, puis d'un coup... l'avion quitte la piste, on vole. Il n'y a plus de contraintes, plus de frottements, plus de pesanteur...
Quand je serai grand, j'aurai des Adriatis.